Episode #76 - Umberto Napolitano, co-fondateur de LAN Architecture
Dans cet épisode, rencontre avec l’un des deux fondateurs de l’agence d’architecture LAN : Umberto Napolitano, un italien qui travaille à Paris depuis de nombreuses années.
Les typologies de projets qu’ils réalisent avec leur équipe sont toujours très différentes et c’est ce qui nourrit leur approche, leur vision et rend leur agence singulière.
Umberto nous parle des changements qui commencent à s’opérer et de l’ambition encore plus grande que doivent avoir aujourd’hui les architectes ; mais aussi l’ensemble des parties prenantes pour imaginer et réaliser, dès demain, des bâtiments qui seront davantage en lien avec nos territoires, nos environnements.
On aborde aussi en détail leur projet de rénovation du grand palais à Paris .
Très bonne écoute !
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[EXTRAIT N°1 🎤 ]
Nous disons tous qu'il y a besoin d'innover, et en même temps la France, et d'autres pays européens, les pays avec une histoire très présente, ont du mal avec la notion de risque. Innover veut dire tout d'abord, comme vous dites, admettre de pouvoir se tromper. Tout d'abord admettre de tenter, de faire des tentatives, de ne pas savoir, d'installer des doutes. Et notre système nous pousse à la notion de 0 risques. C'est-à-dire quand vous faites un bâtiment, on vous dit : " est-ce qu'il a déjà été fait ? "
Quand vous poser une fenêtre, on vous dit : "est-ce qu'elle a déjà été essayée ? Et en fait cette idée de comment associer l'innovation à la prise de risque et donc aussi à la faillite, est une leçon, que culturellement, nous ne sommes pas encore prêt à accepter. Le problème n'est pas de trouver les idées, le problème c'est de trouver les espaces dans lesquels ces idées peuvent s'installer, peuvent s'exprimer, peuvent être testées.
- Puis aussi j'imagine les commanditaires, les clients ?
Oui, plutôt des espaces culturels, dans lesquels finalement tout ça ait du sens. Et le monde de la construction surtout, ainsi que celui de l'Industrie, ont un peu du mal avec cette idée de mobiliser des fonds, sans avoir un objectif certain. Et ça c'est compliqué. Donc nous ce qu'on fait à LAN avec nos clients, c'est d'essayer au fur et à mesure, de faire ce genre de pédagogie en disant tout ça c'est contrôler, et là c'est une part qui n'est pas contrôlée dans laquelle, si ça marche, on va être tous les deux, vous client et nous content d'avoir fait ça. Et si ça ne marche pas, on le sait dès maintenant, qu'on est en train de prendre un risque. C'est un chemin qui est difficilement entendable parfois par nos interlocuteurs ou qui appréhendent avec énormément d'enthousiasme et que du coup ça amène à des choses qui n'étaient pas faites auparavant.
- Il faut avoir des clients qui ont l'esprit de pionnier quoi en fait ?
D'un côté, mais je pense aussi qu'il faut admettre que la première qualité d'un architecte, c'est le doute.”
[EXTRAIT N°2 🎤 ]
“ Un sujet qui nous intéresse énormément c'est celui de la typologie. La typologie en soit est un sujet qui à mon avis, il faut totalement revisiter.
- Et dans quel sens du coup ?
Si vous pensez aujourd'hui, qu'on définit un espace par l'usage qu'on en fait, c'est-à-dire un logement, un bureau, un musée, la pandémie nous a montré que dans un logement on y travaille aussi. Dans un bureau, parfois on y dort aussi. Quelque chose qui est un bureau un jour, peut donner un logement le jour d'après. Notre agence avant c'était un garage.
Si on fait l'exercice de soustraire, dans la définition de l'espace, sa fonction comment on le définirait ? Et ça c'est un sujet qui me plaît énormément. C'est-à-dire comment définir un espace si je ne parle pas de l'usage ?
Donc est-ce que je le fais par ses qualités physiques ?
Est-ce que je le fais par sa phénoménologie ?
Est-ce que je le fais par l'atmosphère, par le climat ?
Et du coup c'est quelque chose dans lequel on se penche en ce moment, qui est l'idée de trouver un chemin qui définisse l'espace, non pas en fonction extrêmement direct entre la manière dont l'espace est utilisé mais surtout comment l'espace pourrait s'utilisé.
Et ce projet en bois est très intéressant. Parce que du coup les pièces sont presque toutes les mêmes. Donc en fait ce qui est la chambre, peut devenir la cuisine. Elles ont quasiment toutes les mêmes dimensions parce qu'on reprend les dimensions structurelles.
Et ce sont des trames fixes et donc c'est une forme d'espace générique qui me qui me plaît beaucoup et qui à mon avis requestionne le rapport... Qui nous a dit qu'une chambre ne peut pas être plus grande qu'un séjour. Tout ça dépend de qui l'habite et de ses coutumes et de ce qu'il a envie d'en faire. Donc ces questions là, sont des questions qui à mon avis sont très intéressantes à explorer.”
Umberto Napolitano - architecte - co-fondateur de LAN Paris
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